Ce volume réunit vingt-deux études parues de 1985 à 2009, consacrées aux documents publics de l'Empire romain tardif. Il comporte cinq sections : prolégomènes, actes impériaux du IIIe au VIe siècle, pétitions aux empereurs, actes des préfets du prétoire, chronologie et paléographie. De ces documents grecs et latins, en majorité épigraphiques mais aussi papyrologiques, plusieurs articles donnent la première édition ou une nouvelle édition critique. Des essais de synthèse sont suivis d'inventaires, notamment des actes impériaux et des pétitions aux empereurs. Ces recherches documentaires enrichissent la connaissance du droit impérial, traditionnellement fondée sur la codification, en illustrant concrètement les réponses du pouvoir central aux demandes des sociétés provinciales, et le rôle de médiation dévolu en particulier à la préfecture du prétoire. Une documentation accrue fait aussi progresser l’analyse diplomatique des actes officiels, et des requêtes qui souvent les ont motivés. Choix des langues, latine ou grecque, styles d'écriture, formes des actes et des dossiers d'actes, évoluent jusqu’à la fin de l'Antiquité sans cesser d’obéir à des normes strictes, le témoignage des documents confirmant à cet égard celui de la législation justinienne.
Prolégomènes
I. Conférence d’ouverture
II. Épigraphie et constitutions impériales : aspects de la publication du droit à Byzance
III. Les actes de l’État impérial dans l’épigraphie tardive (324-610): prolégomènes à un inventaire
Actes impériaux
IIIe siècle
IV. Les privilèges de Baitokaikè : remarques sur le rescrit de Valérien et le colophon du dossier
V. Un rescrit impérial et une consécration d’après une inscription du gymnase de Salamine
VI. Le rescrit de Valérien à Apellas (i. Smyrna, 604) d’après une copie inédite de John Covel
IVe siècle
VII. Les constitutions des Tétrarques connues par l’épigraphie : inventaire et notes critiques
VIII. Deux constitutions tétrarchiques inscrites à Éphèse
IX. L’adnotatio de Constantin sur le droit de cité d’Orcistus en Phrygie
X. Une constitution de l’empereur Julien entre texte épigraphique et codification (CIL III, 459 et CTh I, 16, 8)
VIe siècle
XI. Un mandement impérial du vie siècle dans une inscription d’Hadrianoupolis d’Honoriade
XII. Un rescrit de Justinien découvert à Didymes (1er avril 533)
XIII. Extrait de Christliche und byzantinische Inschriften Pétitions aux empereurs
XIV. La requête d’Appion, évêque de Syène, à Théodose II : P. Leid. Z révisé
XV. Pétitions aux empereurs et formes du rescrit dans les sources documentaires du IVe au Vie siècle
Actes des préfets du prétoire
XVI. Une dédicace en l’honneur de Constantin II César et les préfets du prétoire de 336
XVII. Praefatio chartarum Publicarum. L’intitulé des actes de la préfecture du prétoire du ive au vie siècle
XVIII. L’ordonnance du préfet Dionysios inscrite à Mylasa en Carie (1er août 480)
XIX. Un acte de la préfecture d’Afrique sur l’Église de Byzacène au début du règne de Justin II
Chronologie et paléographie
XX. La réforme chronologique de 537 et son application dans l’épigraphie grecque : années de règne et dates consulaires de Justinien à Héraclius
XXI. Écrire grec en alphabet latin : le cas des documents protobyzantins
XXII. Deux modèles de cursive latine dans l’ordre alphabétique grec
Addenda
Index
I. Géographie et prosopographie
II. Vocabulaire grec
III. Index des sourcesLes vingt-deux articles qui composent ce volume ont paru de 1985 à 2009. Sous le titre Documents, droit, diplomatique de l’Empire romain tardif, cette réédition réunit à peu près l’ensemble de mes études publiées en ce domaine – sans préjudice de livres ou articles encore en préparation. L’exception la plus notable concerne les papyrus syriens édités avec Jean Gascou, documents qui remontent à la première moitié du iiie siècle et dont la réédition exigerait un volume à part. Ont été également laissés de côté quelques travaux où ma contribution a paru trop partielle, trop provisoire, ou trop récente4. Les articles retenus constituent cinq séries : prolégomènes ; actes impériaux du IIIe, du IVe et du VIe siècle ; pétitions aux empereurs ; actes des préfets du prétoire ; chronologie et paléographie. Chaque série, sauf la première, suit l’ordre chronologique de parution des articles.
Un tel bilan ne saurait être que provisoire, pour un auteur qui espère aller un peu plus avant comme pour les chercheurs qui voudraient suivre la même voie. Pourtant, le chemin déjà parcouru invite à retracer sommairement un itinéraire où m’ont entraîné à la fois le hasard des découvertes, la confiance à mon égard de savants désintéressés et la logique interne d’une recherche en développement. Dans le champ des inscriptions de l’Antiquité tardive, l’épigraphie juridique est l’un des deux ou trois thèmes auxquels je suis le plus souvent revenu. D’heureuses circonstances m’y ont conduit de bonne heure. Les fragments de constitutions étudiés à Thessalonique dès 1975, la nouvelle dédicace des préfets de Constantin découverte à Antioche en 1980, en compagnie de Gilbert Dagron, amorçaient la voie. Peu après, Louis Robert eut la générosité de me donner à publier la grande ordonnance préfectorale de 480, révisée par lui à Mylasa en 1934. Peter Herrmann, à son tour, me confiait la réédition des rescrits de Justinien découverts à Milet. L’archéologue Ismail Kaygusuz m’offrait d’éditer avec lui un long document de Paphlagonie. Le recueil ambitieux que je projetais alors des actes des empereurs et de l’administration impériale, même limité au ve et au vie s., ne devait pas en tant que tel dépasser le stade de l’ébauche que je rédigeai à Princeton, en 1988-1989, à l’invitation de Glen Bowersock et Christian Habicht : projet inabouti, mais étape déterminante par l’horizon désormais fixé à la recherche, et par la nécessité reconnue de multiples travaux préparatoires. Je m'y consacrai dans la décennie suivante, avant tout à Éphèse où l’Institut archéologique autrichien, et singulièrement Dieter Knibbe, m’offrirent de rééditer l’ensemble des inscriptions officielles du Bas-Empire. Un corpus particulier doit leur être consacré, d'où le peu de place qu’elles tiennent, en apparence, dans le présent volume ; mais l’exceptionnelle richesse du dossier éphésien a largement contribué à en éclairer d’autres. Dans le même temps, la recherche s’élargissait à des documents plus anciens, à partir du milieu du iiie s., et non plus seulement épigraphiques. Mes premiers pas en papyrologie avaient été guidés par Klaas Worp pour notre réédition du P. Leid. Z, un des très rares documents originaux issus de la chancellerie impériale. Jean Gascou devait me faire explorer plus avant ce domaine avec notre publication commune, achevée en 2000, des papyrus syriens déjà mentionnés, et notre édition en 2004 d’une monographie collective sur la pétition à Byzance. La même année, répondant au vœu de Michael Wörrle, je publiai le rescrit de Justinien en faveur de Didymes qui occupe dans ce volume une place centrale. Document exemplaire, intact de surcroît, il se situe en effet à la croisée des principaux thèmes du livre. Suscité par la pétition d’une cité, ce rescrit impérial, entériné par la préfecture du prétoire, promulgué par le gouvernement provincial, éclaire aussi bien, en effet, la genèse d’une constitution que les particularités formelles propres à chaque élément du dossier qui l’entoure. L’inscription de Didymes suffirait à justifier le titre de ce recueil, Documents, droit, diplomatique, sans qu’il soit nécessaire d’insister davantage sur chacune de ces notions et sur ce qui les unit. Trois articles liminaires, réunis ci-après en guise de prolégo- mènes, offriront un aperçu des méthodes mises en œuvre et des résultats visés.
Il importe du moins que le lecteur sache de quelle façon ce recueil a été réalisé. La révision des articles réédités a entraîné peu de modifications substantielles. Des corrections ou additions limitées ont été insérées entre crochets droits, dans le texte comme dans les notes. Des addenda plus étendus ont été reportés soit en fin d’article (p. 502 et 523-524), soit en fin de livre (p. 553-555). Mis à part de simples lapsus, corrigés tacitement, le lecteur a sous les yeux le texte intégral de l’édition d’origine, dont la pagination est indiquée en marge. Toutes les illustrations sont également reprises, non sans quelques retouches (photographies détourées, contraste accentué, échelle modifiée). On a toutefois supprimé les résumés qui précédaient certains articles, et les listes d’abréviations propres à l’un ou l’autre, à l’exception de l’article XIV dont la bibliographie est particulière. S’agissant d’études parues en France ou à l’étranger, dans des revues ou volumes divers aux normes parfois discordantes, on s’est efforcé d’harmoniser les références bibliographiques, conformément à la table des abréviations placée en tête du volume. L’ensemble est complété par trois index, des noms propres, des mots grecs et des sources. Il a fallu renoncer à un index général pour ne pas différer davantage la parution du livre.
Au moment où s’achève ce travail, c’est un plaisir de dire ma reconnaissance, sans pouvoir les nommer tous, à ceux qui l’ont rendu possible. Maîtres, collègues et amis, m’ont, comme je l'ai rappelé, apporté leur concours de bien des façons : en me confiant pour publication des documents nouveaux, ou des données nouvelles pour en rééditer d’autres ; en m’incitant à une recherche, imprévue parfois, pour un volume de revue, de colloque ou d’hommage ; en voulant bien, quelquefois, écrire et signer un article avec moi ; en lisant et critiquant ceux que j’écrivais seul. À tous, j’exprime
à nouveau ma constante gratitude. Il me reste à présent à remercier nommément, et chaleureusement, les deux personnes à qui ce livre doit le jour. Constantin Zuckerman m’a vu rédiger naguère nombre de ces articles, sur lesquels j’ai souvent sollicité son avis. Il a su me persuader d’en donner ici l’édition révisée, dans la collection des « Bilans de recherche » créée à son initiative. Quant à l’élégance de la publication, elle est le mérite exclusif d’Artyom Ter-Markosyan qui, avec autant de patience que de talent, en a réalisé l’exigeante mise en page et mis au point l’illustration.
Souhaitons maintenant à ce recueil l’accueil bienveillant des lecteurs, selon la formule consacrée pour la présentation, à Byzance, d’un document public à une instance officielle : ὑποβάλλομεν πρὸς τὸ παριστάμενον, « nous vous le soumettons pour ce que bon vous semble » ; à quoi l’intéressé répondait d’ordinaire : « qu’il soit lu comme il convient », προσφόρως ἀναγιγνωσκέσθω. |